Il est de retour, Timur Vermes, Belfond, 393 pages, 19.33 euros
Soixante-six ans après sa disparition, Hitler se réveille dans un terrain vague de Berlin. Il n’est pas content : comment, plus personne ne fait le salut nazi ? L’Allemagne ne rayonne plus sur l’Europe ? Depuis quand tous ces Turcs ont-ils pignon sur rue ? Et, surtout, c’est une FEMME qui dirige le pays ?
Il est temps d’agir. Le Führer est de retour et sa remettre le pays dans le droit chemin. Et pour cela, il lui faut une tribune. Ça tombe bien, une équipe de télé, par l’odeur du bon client alléchée, est toute prête à lui en fournir une.
La machine médiatique s’emballe, et bientôt le pays ne parle plus que de ça. Pensez-vous, cet homme ne dit pas que des âneries ! En voilà un au moins qui ne mâche pas ses mots. Et ça fait du bien, en ces temps de crise…
Hitler est ravi, qui n’en demandait pas tant. Il le sent, le pays est prêt. Reste à porter l’estocade qui lui permettra d’achever enfin ce qu’il avait commencé…
J’avais été tentée par ce roman car une bibliothécaire malicieuse avait apposé sur la couverture un post-it avec « emmenez-moi en vacances ». L’idée m’a séduite. La quatrième de couverture aussi.
Ce que je ne savais pas alors, c’est que la quatrième résumait totalement l’histoire. Pendant la lecture je suis restée dans l’attente d’un rebondissement. En vain.
Malgré cette petite déception, le roman reste intéressant. L’audace de son auteur d’abord : il était risqué de travailler sur ce thème, d’autant plus en se mettant à la place même du dictateur. Tout le récit est écrit à la première personne du singulier donnant une vision peu objective et cynique de la société allemande et du monde actuel. Mais c’est ce qui participe aussi à la qualité de ce roman. Les allusions permanentes aux acteurs du IIIème Reich démontrent les solides connaissances de l’auteur sur cette période historique. Connaissances qui peuvent manquer au lecteur mais grâce à un glossaire en fin de livre le néophyte peut suivre facilement le récit sans se perdre.
Et l’histoire alors ?
C’est le récit de ce qu’aurait pu être l’ascension aujourd’hui de celui qui mit à feu et à sang l’Europe dans le milieu du siècle passé. C’est la description glaçante de l’utilisation des moyens médiatiques au service d’une cause ouvertement déclarée, à laquelle on feint de ne pas croire. C’est l’analyse d’une société manipulable où un fantoche ridicule peut être porté au sommet du pouvoir par des spectateurs avides de sensationnel et d’horreur… C’est surtout très réaliste et horriblement cohérent.
Bref, pas du tout un livre de vacances, mais une bonne idée de livre de rentrée !
A mettre entre toutes les mains pour qu’aucun autre ne vienne prendre sa place…