Nous ne sommes pas nous-mêmes, Matthew Thomas, Belfond, 785 pages, 23 euros.
Une révélation littéraire comme on en voit rarement. Epique, tendre, cruelle, traversant toute la seconde moitié du XXe siècle, une œuvre bouleversante qui, à travers le désir d’ascension d’une femme, interroge l’American Dream et rappelle les plus belles heures du grand roman américain.
De son enfance dans un minuscule appartement du Quenns d’après-guerre, fille unique d’un père camionneur idole du quartier, et d’une mère qui noyait sa mélancolie à grands coups de scotch, Eileen Tumulty a tiré un principe : toujours viser plus haut, ne jamais renoncer à sortir de sa condition.
Faire des études, décrocher un diplôme d’infirmière : Eileen s’accroche, s’endurcit. Tomber amoureuse, épouser Ed : Eileen s’envole, elle a de l’ambition pour deux. Donner naissance à un fils, trouver la maison de ses rêves, former une vraie famille : Eileen veut encore plus, encore mieux.
Et pourtant..
Les rêves ne sont-ils jamais que des rêves.
Sentir la menace, redouter le pire, se révéler dans l’épreuve.
Et puis choisir de continuer à vivre, malgré tout.
L’histoire d’Eileen Tumulty qui n’a de tumultueux que son nom, commence en 1951 à l’âge de neuf ans. En admiration devant son père elle rêve de construire une vie conforme à l’American Dream de l’époque : une maison, un mari et une opulence financière suffisante.
Jusque-là rien de très innovant. La quatrième de couverture promettait une histoire « épique »… Je rappelle la définition du mot épique : « Mémorable par son caractère mouvementé, extraordinaire, grandiose ». Je n’ai vu ni action mouvementée, encore moins extraordinaire ou grandiose dans ce récit narrant la vie d’une famille moyenne dans la seconde partie du vingtième siècle.
Eileen rêvait donc d’une vie réussie : un mari qui gagnerait bien sa vie dans une belle maison. Elle épouse par amour Ed, jeune étudiant promis à un bel avenir mais qui préfère consacrer sa vie à enseigner dans une obscure université où il se sent utile aux étudiants que d’être grassement payé par un grand laboratoire de recherche. Quand, enfin, elle acquiert sa maison, il lui faut la partager avec ses anciens propriétaires qui deviennent ses locataires dans un quartier qui se paupérise au fil du temps. Et cerise sur le gâteau, Ed développe un Alzheimer précoce qui le contraint à quitter son emploi, remettant une fois encore en cause les beaux projets d’Eileen qui ne peut pas compter sur son fils, sommes toute assez médiocre, pour la seconder. Une lente et longue descente aux enfers commence…
C’est un roman sur les rêves avortés, mais aussi sur une société qui évolue sur cinquante ans… Mais c’est long. Trop long. Et si peu optimiste. Mais il faut avouer qu’il y a une grande qualité littéraire dans ce livre malheureusement cela n’a pas suffi à me faire oublier cet ennui que j’ai ressenti au fil des pages. Et pourtant, je ne pense pas que je vais l’oublier de sitôt.